lundi 31 mars 2014

L'arbre

L'arbre de la connaissance

Je vois l'orgasme comme un arbre. L'arbre de la connaissance au sens biblique, celui qui fut annexé par les religions pour nous frustrer puis nous asservir, celui que la société de consommation laïque monnaye sans davantage de scrupules.

Un arbre ne fait pas toujours le bonheur quand il est mal placé. Il est difficile de transplanter un arbre, d'autant plus qu'il grandit. Il faut donc le planter au bon endroit.

Les hommes

Certains hommes ne peuvent jouir que d'une manière violente, en humiliant la femme. Ils ont besoin de rester dans un cadre de domination, c'est eux qui maîtrisent la situation, qui draguent, qui pénètrent. Certains autres ne peuvent jouir que frappés, humiliés, fouettés. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans ces modèles de comportement étriqués sont souvent la risée des femmes parce qu'ils n'assurent pas. Il y a aussi les hommes qui lassés par des femmes méchantes quoique insatisfaites, deviennent homosexuels. Pourtant l'orgasme est aussi masculin, le corps vibre, parcouru de spasmes incontrôlables. Jamais je n'ai vu un orgasme masculin (autre que le mien) dans un documentaire ou un film pornographique, même ancien. On y voit en général le mâle éjaculer péniblement avec un affreux rictus, car l'amour ça fait mal, c'est bien connu. L'orgasme masculin est un tabou.

Les femmes

Certaines femmes ne peuvent jouir qu'en étant insultées, traitées de salope et fessées. Combien de femmes ont besoin d'être rudoyées pour y arriver ? maltraitées avec des mots crus ? Les hommes plaisantent, ils aiment ça, et bien sûr en dehors de la chose on se respecte, c'est juste pour rire, juste pour avoir du "bon" sexe. Pourquoi la sexualité demande-t-elle ce comportement schizophrénique ? Combien de femmes ne parviennent à la jouissance qu'avec un homme jetable ? avec des fantasmes de viol ? Et combien sont incapables de prendre leur pied avec un "mec bien" qui les respecte et les aime ? Et que signifie l'orgasme pour ces femmes ?

Pour les femmes:
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Le même doublé en français par mes soins:
http://perso.lvideoservices.net/MediaPerso/MassageOrgasmeFr.avi
Rien trouvé pour les hommes, mais cela fonctionne pareil. On peut avoir un orgasme sans éjaculer, et inversement. Le mien est encore un peu bloqué au niveau du dos. J'ai besoin de massage ;-)

Les votes blancs

On peut choisir de ne pas rentrer dans toutes ces cases, mais on se retrouve très seul. On est méprisé, traité de frustré, jugé d'autant plus durement que ceux qui jouent ne sont pas heureux de leur sexualité : ça les fait chier qu'on endure pas la même misère. L'abstinence montre qu'il est possible de ne pas soumettre notre sexe aux lois imposées par cette société violente. On tend un miroir qui dérange. J'ai beaucoup souffert par le passé de cette exclusion, mais maintenant je le gère en me disant que la vie des femmes que j'aime ne m'appartient pas. Je n'ai ni les outils ni la volonté pour les changer. On ne peut changer personne, chacun doit faire son chemin. Ce qui me fait souffrir, c'est de verbaliser ce qu'elles vivent avec les autres hommes, et d'être traité de manipulateur, de jaloux, de gourou. Quand on refuse le viol consenti, on est accusé de tous les vices. Je suis même jugé coupable de leur manquer de respectn de les insulter, moi qui ne les "baise" pas comme tout le monde. Quant aux violeurs à qui elles consentent l'ultime faveur - avec ou sans jouissance - c'est pas pareil. Inconsciemment il faut que ça ressemble à l'amour appris pendant l'enfance, à la violence éducative ordinaire. J'en pleure à chaque fois.

Les recettes

Pour nous aider à rentrer dans le rang, et consolider le mythe d'une société heureuse avec d'autant plus de ferveur qu'elle s'écroule, on nous propose des tas de recettes faciles. Le fantasme de viol est proposé comme solution au plaisir, c'est expliqué à nos enfants par la pornographie officielle gerbante. Prendre un petit billet ne fait pas de mal : maman ou putain, il faut choisir son camp. L'homme propose et la femme dispose : signe en bas et ferme les yeux. La sodomie, il faut essayer, c'est pour cela que tu n'y arrives pas. Le mariage ou le concubinage prend la forme d'une prostitution légale. Les magazines féminin ne sont pas loin derrière le "hard core" de Canal+. L'éducation sexuelle à l'école arrive avec le même esprit, juste derrière l'éducation tout court : "t'es pas belle quand tu pleures" "faut souffrir pour être belle" "fais pas la gueule" "les garçons ça pleure pas". Pour les récalcitrants du sentiment, il reste l'ablation et la greffe.

Ces recettes qui capitalisent sur la violence initiale ne font que renforcer le problème de terrain sur lequel est planté l'Arbre. L'Amour sera en décalage croissant avec la jouissance, ce que l'on appelle  vulgairement l'usure du couple, entretenant ainsi les couples dans des rapports violents.

Grâce à ces recettes souvent publiées par nos maîtres, on se retrouve bien seul si on ne refuse de jouer au jeu. Le pacte sexuel sordide basé sur le non respect de l'Autre semble la seule façon de rencontrer l'intimité de l'autre, à laquelle nous aspirons. Combien de femmes aveuglées par ces recettes rejettent l'amour véritable d'un "mec bien" qui les respecte ? Et combien d'hommes se laissent tenter par le simulacre en faisant semblant que ça va bien ?

Les enfants

Dans ces arbres poussent nos enfants.
Ils reproduiront les comportements que nous n'auront pas eu le courage de regarder.

Le terrain

La violence est omniprésente dans notre société, le respect de l'autre n'existe pas dans le prolongement du respect impossible de l'enfant (Alice Miller). Le respect de soi-même, la capacité à dire "non" ou "je n'ai pas envie" n'existe pas davantage. Pour cette raison l'Arbre a du mal à pousser, et quand il pousse c'est généralement sur une terre sans cœur.

L'orgasme est souvent basé sur le viol consenti, car la femme qui ne jouit pas encore offre généralement son corps au plaisir de l'homme, faute de mieux. Cette jouissance restera parquée à cet endroit maudit où fut planté l'Arbre : dans le jardin du viol.

Les enfants battus qui associent l'amour aux coups, restent parqués dans le trip SM.

Cette chair est triste, car l'Amour ne peut pas la toucher par sa grâce. L'Amour ne pollinisera pas l'Arbre : on pourra jouir avec des mecs qui aiment le foot et la bière, car ce sont les plus nombreux et qu'on a appris sur le tas, mais pas avec l'amour de notre vie. Combien de femmes regrettent l'amour de leur vie ? pourquoi donc le couple n'a-t-il pas fonctionné si l'Amour était là ? pourquoi font-elles leur vie avec des mecs juste parce qu'elles arrivent à jouir avec ? ou pire : avec des mecs qui ne se soucient pas de leur jouissance. On a fini de faire l'amour quand Monsieur a vidé ses couilles.

Je me suis longtemps demandé si la femme sans joie qui se laisse violer "par amour" était moins malheureuse que celle qui vit avec un mec pour le cul. Je crois que c'est égal, car aucune des deux relations n'est basé sur le respect de soi ou de l'autre, ce respect méthodiquement détruit par notre éducation violente. Je pose comme préalable à toute relation le respect, et cela ne me laisse pas grand monde à fréquenter.

J'arrive enfin à verbaliser cette intuition ancienne qui me fait refuser le sexe sans l'Amour depuis toujours. Et c'est aussi pourquoi je m'intéresse aux femmes qui ne jouissent pas, ou du moins pas de travers, car il est encore temps de choisir une relation basée sur le respect, l'estime de soi, le refus de la culpabilité et du pardon : le bon endroit pour planter l'Arbre.

C'est également pourquoi j'en parle avant, car une fois la chose faite, il n'est pas facile d'avouer qu'on fait semblant, ou qu'on aimerait un autre style, surtout avec le temps qui passe. Je suis généralement choqué par les discutions sur le sexe qui laissent augurer un comportement programmé sous l'influence des même poncifs de la pornographie au magazine féminin. Tout le monde a peur de ne pas être "normal".

EDIT le 7 Avril 2014.

10 commentaires:

  1. On vit dans une societé où l'on passe son temps à diocter ce que l'on doit faire, pas faire, ce qui est naturel, contre-nature, bien, mal, normal, anormal...C'est pas normal de pas savoir jouir," comment faire grimper aux rideau sa femme?"" Comment faire plaisir à son mec?" "7 trucs pour pimenter son couple"...Bref, pas mal de théorie, mais en pratique on est des gros glands. On passe àcôté, sans cesse. On écoute pas nos sensations, on n'est pas attentif à l'autre, à nos désirs. Par honte, ou parce qu'au lieu de s'écouter, on se contente seulement d'appliquer ce que lon a vu/lu/entendu. Mais de quel droit s'invite-t-on dans le pieu des gens?!
    Ne faudrait il pas réapprendre, seuls, comme des grands, le bien vivre en couple? S'écouter, se toucher, se parler, susurrer, murmurer, rire, jouer, caresser, tripoter, pénetrer...pour ça on est lamentables. On prend même pas le temps de le faire.
    Une relation basée sur l'estime de chacun, le respect du desir de chacun, l'écoute...tout en arrivant à en jouir, bien sur que c'est possible. Il suffit de se laisser aimer. Et du temps.

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  2. Merci Anorchidea de passer par ici !
    "de quel droit s'invite-t-on dans le pieu des gens ?" ah ah, c'est insupportable, c'est exactement ça, la dernière fois qu' j'ai dormi avec Elle, j'avais l'impression qu'il y avait quelqu'un d'autre dans le lit, je l'ai câliné en écoutant ses tensions, ses peurs, attentif, je n'ai rien fait d'autre. J'ai eu l'impression de la décevoir, je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête, depuis elle ne me parle plus. J'espère que ce n'est pas lié, qu'elle reviendra. Je ne peux rien faire à sa place.

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  3. "D'autres hommes ne se reconnaissent pas dans ces modèles de comportement étriqués, les femmes se moquent d'eux parce qu'ils n'assurent pas." Je ne suis pas d'accord avec ça mon Pep. Je ne me moque pas moi, au contraire.

    "Ils ont besoin de rester dans un cadre de domination, c'est eux qui maîtrisent la situation, qui draguent, qui pénètrent. " C'est ce que la société leur a appris. Mais il y en a qui adorent ça, d'être le maître. Ceux-là sont malades sans le savoir.J'ai côtoyé sur le net des types qui participaient à des partouzes, d'autres qui étaient exhib' comme ils disaient d'autres qui fantasmaient sur une femme qui serait leur objet. Une femme qui serait à eux. Comme un meuble ou un jouet. J'ai lu récemment une analyse de la sodomie et ma foi, l'étude va dans mon profond ressenti (sodomie et profond ça ne va pas bien ensemble dans la même phrase, non?) Les hommes qui veulent à tout prix sodomiser leur femme ou leur compagne ont un problème psychologique. Ils désirent- le comique c'est qu'il y a des commentaires sous l'article de types qui l'avouent clairement - qu'elle soit TOUTE, entièrement, à eux. Ils savent que c'est douloureux et humiliant pour elle mais ils veulent une PREUVE. Ou un trophée. De quoi? D'amour? Mais l'amour ce ne sera jamais la soumission.

    Et les femmes elles continuent à dire "amen". Pour la plupart. C'est ce qu'on leur apprend depuis la nuit des temps. Les choses évoluent lentement.

    L'analyse que je fais aujourd'hui c'est que nous sommes les enfants douloureux d'une société inhumaine. Car elle l'est autant pour les hommes qui doivent "assurer", qui ne doivent ni se plaindre, ni pleurer, que pour les femmes condamnées à feindre ou à ruser...ce ne sont pas les êtres humains qui sont à chier, c'est la société. Mais qui a fait cette société déshumanisante où tous nous souffrons?

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    1. Merci ma Dé, mais tu es rare. Les femmes que je rencontre ne sont pas ainsi.
      1) soit j'ai une attirance maladive pour les femmes malades
      2) soit elles sont vraiment nombreuses et je lutte contre la statistique

      Je penche quand même pour la seconde réponse, car je mesure ces comportement chez presque toutes les personnes autour de moi.
      J'ai parfois de bonnes surprises, de personnes qui affichent un comportement social attendu, et qui finalement ne sont pas ainsi quand je me découvre un peu. Les gens ont tellement peur d'exister !

      Je suis complètement d'accord avec ce constat, nous sommes des enfants détruits : les hommes se forcent, les femmes font semblant, les enfants trinquent.

      Qui gère cette misère humaine ? je crois assurément qu'il y a des fermiers qui entretiennent cette maltraitance. Le conditionnement a cela de grandiose qu'il se transmet automatiquement à travers les générations : quand on a été maltraité, on maltraite à notre tour nos enfants de la même manière. Alice Miller l'a démontré.

      Et dès que l'humanité s'éveille, on lui replonge la tête dans la guerre. Il est pour moi très clair que c'est l'éveil qui programme la destruction de nos vie. Quand on prend conscience de cela en masse, nos maîtres sont perdus, ils préfèrent nous détruire que de perdre la main : guerre mondiales, guerre froide, guerre économique, tout est truqué. Aujourd'hui on commence à ouvrir les yeux, grâce ou à cause d'internet. Donc ça va bientôt nous tomber dessus, à moins que la Chine ne suive pas nos maîtres, ce que je crois bien volontiers ;-)

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  4. Nan, nan je sais pas...moi des fois, j'aime bien un homme comme ça, et rêver avec, comme on raconterait sa vie avec un garçon de café. Sauf qu'on raconte rien, on ne dit rien,, je ne veux rien savoir, rien devoir voilà, on ne se doit rien, c'est gratuit, c'est joli parce que je mets ce que je veux dessus comme image. Voilà, un garçon comme un calque à rêve. Lechalote

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    1. Quand je pense qu'on a failli se rencontrer en vrai il y a quelques années, j'en frissonne ;-)
      Je n'ai jamais réussi à faire cela avec une femme.
      Je pense que les émotions vécues ne sont pas anodines, en tout cas je n'ai pas envie de vivre ça comme ça, je le ressens comme une infidélité faite à l'Amour. Même si je suis très seul, je ne fais pas ça, je préfère me masturber.
      Je rencontre parfois des femmes qui aiment le sexe, mais s'il n'y a vraiment rien d'autre à partager, ça me gonfle assez vite. Et encore, je ne parle pas des nymphomanes frigides qui se tapent plein de mec sans jouir simplement pour avoir l'impression de contrôler leur destin tragique, ou des filles prêtes à tout pour avoir un mec dans leur vie comme maman. Les quelques femmes libres qui restent ont généralement une relation au sexe faussée par la profusion de mecs totalement frustrés et prêts à tout, y compris à devenir un "calque". Je n'ai pas envie de ce jeu, je ne suis pas un instrument, pas plus que je ne souhaite une femme objet.

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  5. Internet c'est l'épine dans le pieds de nos "maîtres" comme tu dis. Sa liberté relative est attaquée de toutes parts. Le chaudron bouillonne, moi aussi je le sens. Et j'ai peur pour mes enfants. J'ai un seul fils, je ne veux pas qu'on me l'envoie au front. Ces derniers temps je me sens souvent écrasée quand je lis ici et là, les nouvelles qu'on nous donne à dessein ne sont pas bonnes. Je suis abonnée à Colibris sur fb, je m'informe sur les poches de résistance. Et il y en a, toutes petites, noyées volontairement dans le flot des nouvelles anxiogènes, des fois qu'on se mette à y croire et à espérer, voire à se rebeller ^^

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    1. Tu peux bien mettre "maîtres" entre guillemets car ils sont dépassés par leur propre système.
      Ces gens ont besoin d'amour dans leur monde aride.
      Ils se confient à leurs fermier généraux dont ils fécondent les filles.
      Et ainsi de suite jusqu'au chef de rayon de supermarché.
      Cette compromission généralisée de toute la pyramide vient du fait que l'Amour n'existe qu'en bas, chez ceux qui n'ont rien.
      On peut tout nous arracher, mais pas le dépouillement qui mène à la rencontre avec soi-même ;-)
      Moi aussi je fais ce constat des issues de secours factices, et des leurres qui pullulent, mais je pense que la résistance passive permettra de passer au travers, pourvu que tout le monde refuse de marcher au pas...

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  6. "Le bon endroit pour planter l'arbre", c'est entre les jambes accueillantes et douces de la femme qui t'aime et que tu aimes (tu avoueras que ton image était particulière sexuée !)
    Il me semble que la difficulté, la seule, et la terrible, est de trouver un(e) partenaire dont les ondes s'accordent à nos propres ondes. Et cela devient de plus en plus difficile au fil du temps...
    Toutes ces réflexions étant subjectives, n'est-ce pas !
    Je suis heureuse de te re-lire, même si je vois que tu ne nages pas dans le bonheur !

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    1. Merci Chou pour ton commentaire pénétrant qui apporte un peu de gaîté ;-)
      Trouver l'accord, oui, tu as raison, mon chagrin sera bien vite lavé par une autre belle personne qui me donnera la main.
      Mais ça fait 2 râteaux en 6 mois, de 2 personnes que j'adore que que je fréquente depuis des années.
      L'une se tape tous les mecs du bar en espérant un miracle (un orgasme et un mariage).
      L'autre s'habille en noir et attends qu'un prince vienne l'aider à élever ses enfants, et la fasse jouir enfin.
      Et c'est là où j'ai un peu cassé, aucun homme aussi génial soit-il ne pourra les "faire jouir" si elles ne font pas un chemin personnel sur ce sujet tabou (tabou car toute communication est coupée depuis qu'on est arrivé au point Q).
      Je vais me divertir chez toi de ce pas ;-)

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